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Jean ROGUES et Maurice BELLET : deux personnalités qui ont marqué Saint Bernard

Avr 14, 18
alain
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Jean Rogues et Maurice Bellet

Nous avons appris récemment les décès successifs des pères Jean Rogues (93 ans) et Maurice Bellet (94 ans), qui ont l’un et l’autre marqué la vie de la chapelle Saint-Bernard.

Jean Rogues fut le 4e chapelain de Saint-Bernard. Maurice Bellet a animé pendant 20 ans, à raison d’une rencontre par semaine, avec Jean-Marie Martin, le « groupe de l’Arbre » à la chapelle ; l’un était le « conteur », l’autre le « lecteur ». En novembre 2010, Jean Rogues et Maurice Bellet avaient participé – avec Antoine Delzant – au colloque intitulé « Osons rêver un christianisme pour demain ! », organisé par la communauté Saint-Bernard.  Lien :  Colloque St Bernard 20 novembre 2010 Osons rêver le Christianisme pour demain

Jacques Musset nous a adressé un message d’hommage à ces deux personnalités :

« Maurice Bellet et Jean Rogues, deux personnes qui ont ensemencé les terres humaines. 

Nul doute que leurs semences continueront à pousser et porter des fruits. 

Cela ne dépend que de nous et de tous ceux qui les ont croisés. 

Notre reconnaissance à ces grands devanciers s’exprime par notre volonté d’actualiser avec intelligence leur héritage.« 

Leurs obsèques ont été célébrées cette semaine à la chapelle de Tous-les-Saints (Paris 14e).

 

Jean ROGUES 

Originaire de Paris, Jean Rogues est ordonné prêtre le 17 avril 1954 à l’âge de 29 ans en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il fait des études à Rome en 1954, puis en 1955, il est nommé aumônier du Sacré-Cœur de la Cité universitaire à Gentilly (94) pendant neuf ans.

En 1964, il devient vicaire à la paroisse Saint-Pierre de Chaillot (16e). Puis, en 1967, il est nommé curé de la paroisse Saint-Germain des Prés (6e). De 1969 à 1987, il est délégué diocésain pour l’œcuménisme, il est ensuite doyen du 5e et 6e arrondissement et en mission d’études. Puis, il devient responsable de la communauté du Maine-Montparnasse. En 1981, il est vicaire épiscopal pour les doyennés 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements jusqu’en 1988.En 1982, il est directeur du département d’Études œcuméniques à l’UER (Unité d’Enseignement Religieux) de Sciences théologiques et de Sciences religieuses. En 1987, il est nommé curé de N.-D. des Champs (6e) puis devient curé émérite de la paroisse en 1993.

Jean Rogues a partagé sa vie entre diverses responsabilités d’Église et le travail théologique, en particulier comme directeur de l’Institut Supérieur d’Etudes œcuméniques (ISEO). Il a participé à plusieurs ouvrages collectifs et publié Quand la foi prend corps, éd. Le Seuil, 1996 une « méditation sur l’Église », qui redit les raisons de croire et d’espérer des chrétiens d’aujourd’hui.

C’est en 2000, que le Père Jean Rogues prend sa retraite. En 2014, il entre à la Maison Marie-Thérèse, où il décède le matin du 5 avril 2018.

Extrait d’un témoignage lors de ses obsèques :

Quiconque a rencontré Jean a, surtout, pu s’enrichir de la liberté et de la profondeur de sa pensée et de sa parole. Sa rigueur de normalien matheux le guidait, elle se combinait avec puissance de travail et exigence pour le fond comme pour l’expression ou la forme ; c’était un perfectionniste ! Trois livres ont permis de découvrir cette pensée, son évolution ; parmi eux, en 2009, « La foi d’un agnostique chrétien » et Jean précisait dans le sous-titre : « agnostique, celui qui reconnait qu’il ne sait pas »

Il nous laisse en héritage les mots de conclusion de ce livre :

« Ma foi est de chercher à vivre en référant mon cœur, ma pensée et mon comportement au message provenant de Jésus à travers l’histoire des chrétiens.

Elle est la décision de vivre dans le compagnonnage de ce peuple qui a souvent trahi et trahit souvent ce qui lui est le plus cher, mais qui, pourtant, produit « de la sainteté », parfois repérable, souvent non perceptible ou à peine.

Elle est de croire en le modèle d’homme et le modèle d’humanité manifestés par le message issu de Jésus.

Elle est de croire en Jésus comme témoin de l’expérience spirituelle la plus authentique que je puisse connaître.

Elle est de croire en l’Esprit vivant en tous mes frères en humanité ainsi qu’en moi-même, de croire même, plus largement, en un sens que l’Esprit donne à ce monde. 

À l’âge auquel je suis parvenu cette « foi qui ne sait pas » suffit à m’ouvrir un chemin de paix. »

Maurice BELLET

Il était une figure proche, créative, mais aussi critique et exigeante du christianisme contemporain. Auteur d’une trentaine de livres, animateur de nombreux groupes, conférencier infatigable, Maurice Bellet, 94 ans, est décédé jeudi 5 avril d’un AVC, à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Prêtre, philosophe, théologien, poète à ses heures, Maurice Bellet fut l’un des premiers à établir un pont entre la psychanalyse et l’Évangile. De cette rencontre, il puisa des mots nouveaux pour dire la foi chrétienne dans un monde sorti du giron de l’Église.

Pour retrouver le suc de la vie chrétienne, au lendemain de Vatican II comme de Mai 68, Maurice Bellet eut l’intuition rapide qu’une profonde mue était à entreprendre, et tout un discours de foi à revisiter…

lire la suite sur le site de La Croix  Voir aussi Un article de La Croix du 12 avril 2018 « Un prophète, Maurice BELLET » par Frédéric Boyer

Sur leur blog le cercle de ses amis témoignent :

Amis, amies,

Maurice Bellet est décédé ce jeudi 5 avril 2018 à 9h30.

Le vide est immense.

Aussi grand que sa bonté.

Aussi grand que sa foi .

Aussi grand que sa pensée.

Aussi grand que son humanité.

Il a rejoint au plus intime de leur être

d’innombrables personnes.

Il a, par son écoute et sa parole,

ouvert une brèche dans ce qui les emmurait,

dans ce qui les angoissait,

dans ce qui les empêchait d’avancer.

Il a servi, avec une infinie humilité,

 la Parole de haute et humble tendresse.

 Il disait souvent : « Je ne suis qu’un vieux tuyau rouillé.

Mais l’eau pure peut sortir même d’un tuyau rouillé… »

 Il est mort pacifié.

Ses derniers mots furent :

« Adieu. Adieu… Au revoir ! »

Soyons nombreux, nombreuses,

celles et ceux à qui il a ouvert la Voie,

à nous faire proches de celles et ceux qui attendent

une parole qui les justifie.