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Dimanche 13 mars 2022 – Transfigurés !

Mar 17, 22
alain

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Textes du dimanche  (cliquer pour voir les textes bibliques de ce dimanche)

Mot d’accueil

Aujourd’hui, nous célébrons la Transfiguration du Seigneur.
Quelque chose s’est passé sur la montagne. Pierre, Jacques et Jean en ont été tellement effrayés qu’ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

Tout de même, jusque-là, Jésus avait fait bien mieux :
Dans une noce, on l’a vu changer de l’eau en vin.
On a vu des filets de pêche tellement remplis qu’ils se rompaient.
Il a remué des foules, avec des annonces enflammées.
Il a guéri des aveugles et des paralytiques.
Mais, récemment, il a disparu au désert !
Et aujourd’hui, que s’est-il passé ?

Dans les Eglises d’orient, cette fête est appelée Méta-morphose.
C’est un passage au-delà de la forme, au-delà de l’apparence.
C’est une promotion.
Une promotion, ce n’est ni une défiguration, ni une disparition de l’humanité.
C’est, pour nous tous, aller au-delà de ce qui existe déjà.

Dans notre quotidien, il y a parfois de ces moments surprenants.
Ensemble, nous tenterons d’aller au-delà.
Et c’est au moment de la prière universelle que vous aurez la parole.


Témoignage : Au mont Sinaï

P. L

C’était il y a quelques années en Egypte, lors d’une retraite dans le désert avec un groupe animé par Philippe Maillard, dominicain qui a vécu longtemps à Lille au milieu des plus pauvres.

Un jour, de bon matin, il était 3 heures, il faisait encore bien nuit, notre groupe se met en marche en direction du mont Sinaï. Malgré la reconnaissance du terrain la veille, difficile de trouver le bon chemin dans la nuit noire. Cependant, les yeux s’habituant peu à peu à l’obscurité, nous réussissons à le retrouver.

Après quelques heures de marche nous arrivons au sommet au cours de la matinée. De là-haut une vue à couper le souffle sur un paysage désertique, aride et beau.

Nous apercevons une petite chapelle vers laquelle nous nous dirigeons, elle est fermée. Notre déception ne dure qu’un instant : un jeune moine arrive et tel Saint Pierre il sort de sa poche la clé pour nous ouvrir la porte.

Nous entrons donc, et chacun, en silence, prie.

Au bout d’un moment Philippe Maillard me demande d’entonner un chant.

Un peu pris au dépourvu je me mets à chanter le Kyrie de Sylvanès, rapidement repris à quatre voix par l’ensemble groupe.

C’est là que l’inattendu, l’indicible, l’incroyable se produit : un moment de grâce pendant lequel le temps est comme suspendu ; nous sommes bien au sommet du Sinaï et dans un « ailleurs » en même temps ; moment de calme, de plénitude, de sérénité ; un de ces moments que l’on souhaite voir durer …

Bien qu’éphémère, ce moment est resté gravé dans mon corps et dans ma mémoire.

Des dizaines d’années après son empreinte est toujours là, au point même d’avoir transformé mon regard sur ce qui nous entoure. Le chant est pour moi une forme d’expression de l’humain, il nous dit quelque chose du Beau, et du Divin, surtout quand il est partagé avec d’autres.

C’est à travers le chant que, tout en haut du Sinaï, il a été donné à notre groupe de faire une expérience du Divin.

 

 

Homélies


E DG

Je vais d’abord citer mes sources :
Jean Marie Martin, ancien responsable d’un département de théologie à la Catho.
Il a passé toute sa vie à lire Saint Jean, en grec, bien sûr. Et, pendant 30 ans, deux mercredis par mois, il a livré sa méditation, dans la salle d’accueil de Saint Bernard.

Pendant la préparation, la question est venue : Est-ce que nous serons transfigurés ?

Au catéchisme, il y a bien longtemps, j’ai appris : que la vie éternelle, c’était après !
C’était après la mort, après l’avoir méritée.
Et enfin, c’était très loin parce que l’éternité, ça dure longtemps !

Mais c’est qu’on n’est pas encore sorti de ça, de la culpabilité/mérites/réparation.
On l’entend dire : la Vie, la grande, donnée par grâce ? NON, ce n’est pas possible.

Bien plus tard, en discutant avec ma mère, très attachée aux mérites, je me suis entendue lui dire : La Vie éternelle, si ce n’est pas aujourd’hui, ça ne m’intéresse pas !
J’en ai été la première surprise.

Alors, ce serait aujourd’hui la Vie, la grande, celle qu’on écrit avec un grand V
puisqu’on ne sait rien d’elle.
A voir le tout petit reste que nous sommes, serrés dans cette pièce, on se demande :
Est-ce qu’on n’attendrait pas mieux ?
Est-ce que on ne voudrait pas, se voir, se savoir vraiment transfiguré ?

Retournons dans le récit de Luc :    Jésus apparait autre,
La voix du Père se fait entendre.
Tu es mon Fils bien aimé est adressé à Jésus et à toute l’humanité, à chacun de nous.
Dans le Christ, nous sommes tous un seul Fils unique.

Luc nous dit que les disciples ne comprirent rien, à ce moment-là.
Ce que les disciples ont vu, c’est l’icône ou, si vous préférez,
la mise en scène de la Résurrection que, curieusement, personne n’a vue.

Regardons l’épître de Jean, c’est le passage qu’on lit à la Toussaint.
Voyez de quel amour nous a aimés le Père,
il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes !
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu…
C’est bien au présent !

Jean poursuit : et n’a pas encore été manifesté ce que nous serons.

Ce que nous serons… Et voilà, un futur !

Mais justement ! Ce futur ne vient pas de l’autre bout de l’éternité !
Ce futur est déjà là, il a commencé.
Ce futur creuse notre présent.
On pourrait traduire : … nous sommes enfants de Dieu
et n’a pas encore été manifesté ce que déjà, nous sommes en train de devenir.

C‘est à la fois un déjà là et un pas encore,
Ce qui est déjà là, n’est pas encore pleinement accompli, pas encore manifesté.

Pierre, nous a raconté une de ces fulgurances, qu’il a reçue au sommet du Sinaï.
Marie Christine va nous en confier une autre.

Nous vivons dans un temps précipité, où chaque minute chasse l’autre.
Et ces instants surprenants viennent trouer le fil de notre temps.
Ce sont des brèches étincelantes où le temps de Dieu rejoint notre présent.

Ces brèches, qui trouent notre présent, ces moments, comme suspendus,
sont des semences de Transfiguration, de Résurrection, si vous préférez.
Elles sont déjà là, au fond de nous, prêtes à germer, à grandir et à se manifester.
A nous de recueillir ces moments de grâce,
A nous, de les laisser germer et de les laisser porter du fruit.

Aujourd’hui, même dans la guerre d’Ukraine et d’autres lieux de notre maison commune,
le Père nous redit que son Royaume est là, au milieu de nous.

Aujourd’hui, c’est sur nos visages, par nos paroles et par le travail de nos mains
que le Christ est manifesté, parfois à notre insu.

Déjà, nous marchons vers notre accomplissement, vers notre Transfiguration.
Nous marchons vers la Présence.
Être en chemin, c’est déjà être à la présence.


MC SH

Il y a une douzaine d’années, je passais quelques jours dans l’abbaye bénédictine de Ligugé , près de Poitiers invitée avec d’autres par le moine François Cassingena que vous connaissez sans doute .

Un jour, après un des offices, alors que les moines sortaient, un par un pour rejoindre leurs activités, un des plus jeunes, un novice sans doute, s’avança sur le bas-côté, et après s’être agenouillé, se prosterna ventre et ventre à terre, dans une attitude de profonde adoration.

Pour moi qui le regardais, le temps s’est arrêté, de sa posture si priante irradiait une Présence intense, celle du Tout Autre pourtant invisible …Et aujourd’hui encore, je rends grâce pour cet instant où j’ai vu un simple homme comme transfiguré par la contemplation de son Dieu dans sa gloire laissant transparaître son indicible présence.

Je n’étais pas sur une montagne, comme les apôtres dans le texte de l’Evangile. Mais j’ai vécu là une expérience immédiate dans sa simplicité et son mystère celle d’une d’un homme transfiguré par sa prière.

Cette expérience intense, nous pouvons la faire en dehors d’une église … Nous pouvons aussi nous poser la question : sommes-nous transfigurés, transformés par une présence intérieure, celle du Christ Jésus ?

Et prier ensemble  » sur nous Seigneur que s’illumine ton visage « 

Dimanche 6 février – Me voici, envoie-moi

Fév 07, 22
alain
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Textes du dimanche  (cliquer pour voir les textes bibliques de ce dimanche)

Grâce à la générosité d’Isaïe qui a accepté de devenir messager, grâce à la générosité de Pierre et de ses compagnons qui ont tout laissé pour suivre Jésus, grâce à la générosité de Paul qui, après le chemin de Damas, a consacré le reste de sa vie à témoigner du Christ ressuscité, à notre tour, nous sommes là ; la parole du Christ résonne encore à nos oreilles : « Avance au large, et jette les filets »… À notre tour de répondre : « Sur ton ordre, nous jetterons les filets ».

 La seule collaboration qui nous est demandée, si on y réfléchit, c’est la confiance et la disponibilité.

Faisons confiance et acceptons de jeter nos filets. Pour que la pêche soit miraculeuse, il suffit de croire en Lui.

Marie-Noëlle Thabut, L’Intelligence des Ecritures.

Mot d’accueil

Bonjour à toutes et tous, soyez les bienvenus dans cette chapelle exiguë, mais chaleureuse.

Il y a toujours un rapport entre les lectures qui nous sont proposées chaque dimanche. Mais, quand nous avons préparé cette célébration, nous avons été particulièrement frappés par la ressemblance entre le déroulement des événements rapportés dans chacune d’elles :

Premier temps du récit, une théophanie, c’est-à-dire une manifestation merveilleuse de Dieu respectivement à Isaïe, à Paul sur le chemin de Damas, à Pierre et à ses compagnons de pêche.

Deuxième temps : le spectateur de la théophanie prend peur, Paul devient même aveugle, mais ce spectateur est rapidement purifié ou pardonné.

Troisième temps : Dieu lui assigne une mission : prophète pour Isaïe, Apôtre pour Paul ou pêcheur d’homme pour Pierre et ses compagnons.

Dans notre monde occidental si matérialiste, savons-nous encore repérer les manifestations que Dieu nous adresse ? Sommes-nous encore capables de laisser Dieu nous pardonner ? Et enfin sommes-nous prêts à commencer la mission qu’il nous confie ?

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/ Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs !

– L’Eglise nait sur la barque de Pierre. Aujourd’hui elle navigue en pleine tempête après les conclusions et les propositions du rapport de la CIASE.

Avec le soutien de la démarche synodale initiée par François qu’elle trouve le cap pour proposer la libération que chacun et chacune cherche.

R/Seigneur entends la prière qui monte de nos chœurs !

-Par notre baptême, nous sommes tous appelés à être, à la suite du Christ, prêtres, prophètes et rois.  Que cette vocation prophétique enracinée dans l’Evangile trouve sa traduction dans le monde d’aujourd’hui où nous sommes appelés à annoncer la Parole, en dépit de nos faiblesses.

R/ Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs !

– A l’approche de la journée mondiale des malades, prions avec tous les amis et proches de la communauté qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit : qu’ils gardent courage au cœur de leur épreuve.

R/ Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs !

Dimanche 16 janvier 2022 – En Jésus, le meilleur est à venir.

Fév 07, 22
alain
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Ce n’est pas anodin que ce soit dans un mariage -image de l’alliance entre Dieu et l’humanité- que Jésus manifeste sa gloire à ses disciples. Et ce n’est pas une image banale que celle du bon vin. Ces symboles nous placent résolument du coté de la fête et du bon goût.

C’est l’occasion de faire mémoire de tout ce qui dans nos vies et autour de nous respire cette joie de l’Évangile. Cette joie n’empêche pas l’épreuve mais il y a là une promesse que le meilleur est à venir, que le bonheur durable nous est promis. Dans le repas de fête qu’est l’Eucharistie, rendons-nous attentifs à toutes les paroles qui évoquent la joie et autres dons de Dieu et rendons en grâce. Oui, « heureux les invités au repas du Seigneur »

 www.versdimanche.com

 

Mot d’accueil

Bonjour,

Soyez tous les bienvenus à cette 1ère célébration de l’année 2022, vécue ensemble.

Que cette année soit, plus que jamais, occasions de rencontres, d’échanges, de partages et d’accueil.

Les textes de ce jour nous parlent d’abondance et de joie. « Rendons grâce à Dieu qui aime les bonnes choses et qui aime la rencontre. Jésus ne change pas l’eau en vin mais en bon vin. C’est une promesse pour chacun que le meilleur est à venir et que Dieu se réjouit de nos fêtes et de nos joies. Alors résistons ensemble à la tristesse et à la morosité ! »

D’après les mots de Manuel Grandin, jésuite.

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/Rassemblés devant Toi parmi cette humanité, nous portons vers Toi nos détresses et nos joies.

-Nous rentrons ce dimanche dans la Semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens.

Au sein de nos communautés chrétiennes des divergences persistent. Fais-nous, Seigneur, grandir dans l’unité, au-delà de nos différences culturelles et ethniques. Permets à chacun de déceler les dons des autres et d’apporter ses propres dons pour un développement créatif de nos communautés.

R/

-Isaïe explique aux juifs en exil que Jérusalem « sera une couronne brillante dans la main du Seigneur ». Fais-nous sortir, Seigneur, de nos pensées noires et fais briller sur nos visages la joie de ton alliance.

R/

Des noces réussies comme à Cana, la joie, la fête, le bon vin en abondance qui rendent les gens heureux d’être ensemble.

Seigneur, tu nous invites à nous rassembler au-delà de nos frontières physiques ou psychologiques, nos différences ou nos divergences.

Fais-nous goûter le bonheur d’être ICI, ENSEMBLE, AUJOURD’HUI, pour te célébrer et te remercier.

R/

Dimanche 12 décembre 2021 – Oser la joie

Déc 23, 21
alain

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Prière sur la joie

Béni sois-tu, toi, notre Père, pour la joie que ton dessein sur nous a déposée dans nos coeurs.
Elle est la joie des profondeurs,
Etrange puisqu’elle demeure malgré toutes nos vicissitudes.
Elle ne naît ni de la servitude ni des fluctuations de notre état natif.
Elle n’est pas le produit des humeurs ou des péripéties qui jalonnent notre route.
C’est une joie reçue.
Et c’est un autre qui la tisse avec nous sur le canevas de nos existences.
C’est la Résurrection qui s’imprime sur chaque page de nos vies
Qui que nous soyons et quoi qu’il arrive
Le Ressuscité est là.
Sa proximité nous ravit.
Aussi, tout joyeux, nous te chantons :
Chant : Jubilez, criez de joie pour Dieu, notre Dieu
Ta bienveillance, nous a lancés dans une mutation gigantesque
Et nous sommes même parvenus à changer d’identité.
Nous qui étions humains, nous voici divins.
Nous qui habitions l’espace de la mort et du meurtre, nous voici plongés dans l’univers de l’agapè et de l’amour absolu.
Nous qui risquions de n’être que des étrangers pour Toi, pour autrui et pour nous-même, voici qu’une demeure permanente nous est proposée.
Tu as fait de nous des fils.
Tu fais de nous le Fils
Le Fils un et unifiant.
Accorde-nous d’oser cette sur centration
Pour laquelle et dans laquelle nous te chantons encore :
Chant : Jubilez, criez de joie pour Dieu, notre Dieu

Yvon Lemince

Poème sur la joie

La joie de la joie

Aimer et rechercher la joie au fond de votre cœur
Elle peut frémir au bout de votre nuit
Elle se cache même si vous n’y croyez plus
Et l’ayant trouvée, elle sera votre lueur.

Aimer et rechercher la joie, aspirer à la joie,
C’est une perle cachée, il faut la retrouver,
si elle était perdue. C’est un trésor scellé
Tout au fond de votre être. Allez la rechercher .

Aimer et rechercher la joie, la joie parfaite,
Elle n’est pas de vous, elle vous est donnée,
Aimer la joie : riez, n’hésiter pas : chantez,
Aimer de tous vos yeux, de toute votre voix.

Et quand viendront les jours qui vous serons comptés,
Vous qui aurez appris à rechercher la joie,
puissiez-vous quitter le parfum de la vie
Et entrer dans la Joie, celle de l’infinie .

Marie-Christine Saint Hilaire

Dimanche 14 novembre 2021 – La résurrection est maintenant!

Nov 16, 21
alain

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Texte de réflexion : Je suis catholique … par Véronique Margron, sœur dominicaine et présidente élue de la conférence des religieuses et religieux en France (CORREF)

 

Mot d’accueil

Les textes du jour sont d’abord apparus au groupe de préparation comme hétéroclites, difficiles à relier. Puis, Yvon nous a proposé la phrase retenue en première page de notre feuille de messe : « La résurrection est maintenant ».

Dans ces temps de détresses dont parle le prophète Daniel, le psaume nous indique que le Seigneur nous apprend le chemin de vie. Sur ce chemin, Daniel nous invite à nous repérer sur le chemin, dans l’obscurité, grâce aux étoiles qui brillent pour toujours et à jamais ; Paul nous rappelle que nous avons l’exemple du Christ qui nous a laissé une unique offrande, celle du sacrifice de sa vie.

Cette offrande, nous allons la revivre au cours de cette eucharistie, passant des épreuves et des sacrifices à la résurrection. De même, dans notre vie quotidienne, sachons dépasser nos pesanteurs et nos peurs pour manifester des visages de ressuscités cheminant vers notre accomplissement en méditant les paroles du Christ, des paroles qui ne passent pas.

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce,

Fais paraître ton jour : que l’homme soit sauvé !

– Les victimes de l’attentat du 13 novembre 2015 font entendre la difficulté de la vie d’après. Entends, Seigneur, leurs souffrances et celles de toutes les autres victimes du terrorisme. Qu’elles puissent retrouver la possibilité d’une vie d’aprèsR/

-La découverte dans le rapport de la Commission Indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, CIASE, de milliers d’êtres violentés, nous a traumatisés et indignés.

Que l’Esprit apporte à chacun, à chacune de nous et à tous les membres de l’Eglise la volonté et le courage de s’attaquer aux fondements de ces abus : la sacralisation du prêtre, la marginalisation des laïcs et des femmes en particulier.   R/

-Nous portons devant Toi, Seigneur, les peuples subissant la guerre, les catastrophes naturelles et la démesure des puissants. Que l’espérance, le dialogue et l’entraide l’emportent sur le désespoir.    R/

-Avec le pape François, prions pour les personnes qui se trouvent dans l’impasse de la dépression et de l’épuisement, afin que la lumière apparaisse peu à peu sur leur route.    R/

Dimanche 3 octobre 2021 – Il n’est pas bon que l’homme soit seul

Oct 11, 21
alain
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« Il n’est pas bon que l’homme soit seul »  Genèse 2,18

 Homme et femme sont à la fois une même chair et cependant radicalement séparés. De la rencontre de leurs différences naît la vie. Ils sont au sommet de l’œuvre de Dieu.

Dans Biblica, ed. Fleurus.

Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente ».

Saint-Exupéry, Lettre à un otage.

 Quel plus beau cadeau peut nous faire l’autre que de renforcer notre unicité, notre originalité, en étant différent de nous ?

Albert Jacquard, Eloge de la différence.

 

Mot d’accueil

Bonjour, bienvenue à vous tous, oui, nous faisons notre rentrée. Nos habitudes ont été bouleversées pendant ce temps de pandémie, nous avons réalisé oh combien nos rencontres comptent pour nous. Nous revenons dans cette salle que certains parmi vous connaissent, elle a accueilli nos activités pendant deux ans et aujourd’hui nous revenons pour célébrer tous ensemble.

En préparant cette célébration, nous avons parlé de l’Autre, de notre vis-à-vis, celui qui est différent et pourtant si proche, nous avons évoqué l’amitié, la fraternité, l’amour.

En rentrant dans cette célébration gardons ces trois mots dans nos cœurs qui nous mènent vers le chemin de  la réciprocité, l’échange à égalité auquel Jésus nous invite.

Je crois, Seigneur, tu es source de vie.

Je crois, Seigneur, tu es source de vie.

Je crois en Jésus de Nazareth :

né de la Vierge Marie.

Il a annoncé le Royaume de Dieu, son Père et notre Père,

témoigné de son amour

et prêché la fraternité entre les hommes.

Rejeté par les siens,

humilié, condamné et soumis au supplice,

il a été crucifié sous Ponce Pilate.

 

Je crois, Seigneur, tu es source de vie.

Le Père l’a relevé de la mort

et l’a fait Seigneur et Christ pour l’humanité entière.

Par le Père, il obtient le pardon de la faute des hommes

et reçoit le don de l’Esprit

en qui le Père et Lui sont en parfaite communion.

Je crois, Seigneur, tu es source de vie. 

L’Esprit habite en nous, nous ouvre aux autres,

en nous libérant de tout enfermement.

Il nous fait vivre de l’amour

par lequel Il n’est qu’Un avec le Père et le Fils

et nous rassemble en communauté ecclésiale.

En elle nous cheminons vers le Royaume

coopérant jour après jour à la création universelle

où Dieu sera tout en nous.

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/Seigneur, écoute-nous, Seigneur exauce-nous !       

-Dans ton amour Seigneur, tu nous as confié la planète, notre « maison commune ». En signe de fidélité (à ton alliance), donne-nous de nous sentir responsables de ta création et d’apprendre à mieux la respecter, nous t’en prions.

 R/

-En ce temps de crise du « vivre ensemble », apprends-nous, Seigneur, à vivre la fraternité, celle du quotidien d’abord : que face à l’isolement, à la non-reconnaissance vécus par beaucoup, nous ayons des gestes d’attention, de disponibilité vis-à-vis des autres, comme Jésus nous l’a montré dans l’Evangile.

 R/

-En cette nouvelle année de pérégrination pour la communauté que l’amitié et la fidélité guidées par l’amour évangélique demeurent entre nous.

R/

Dimanche 10 janvier 2021 -Baptême du Seigneur

Jan 13, 21
alain

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« Ecoutez et vous vivrez » Isaie 55,3

Que célébrer quand les cultes collectifs et publics voient leur tenue impactée par l’urgence sanitaire, quand le goût de ces rendez-vous s’est émoussé ou a disparu ? Les occasions et les manières de célébrer sont infinies : elles excédent les pratiques liturgiques ordinaires. Le pape François nous y invite : «La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du “on a toujours fait ainsi”. J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés». 

(Encyclique Evangelii Gaudium – La Joie de l’Évangile (2013) §33).

Mot d’accueil

            Aujourd’hui, nous célébrons le baptême du Seigneur. Au cours d’une vision, Jésus voit l’Esprit descendre sur lui sous forme d’une colombe et il entend ces paroles : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie ». C’est à cet instant, comme les prophètes de la bible, qu’il prend conscience de sa mission sur terre : annoncer la bonne nouvelle  de l’amour infini et tout-puissant de Dieu pour tous les hommes.

            De même, lors de notre baptême, devenus par la foi responsables envers le monde, nous avons été appelés à être missionnaires et à faire connaître l’Evangile. « Allez dire à tous vos frères ...

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/ Rassemblés devant Toi parmi cette humanité, nous portons vers Toi nos détresses et nos joies.

– Dans les églises, les mosquées et les synagogues, les croyants en Toi te louent. Nous te les présentons pour qu’ils se comprennent et trouvent le goût du vivre ensemble dans le respect des règles fixées par la République.

Avec les confinements,  les violences domestiques augmentent. Des enfants et des femmes  en sont  les principales victimes. Nous te présentons les victimes et leurs agresseurs. Que ton amour infini apprenne à accueillir la présence de l’autre. Inspire-nous la force et la sagesse d’intervenir. R/

-Nous te présentons notre communauté, bien que diminuée,  toujours prête à participer à la construction d’une Église de baptisés. Donne-nous de pouvoir nous réunir cette année pour célébrer ta Parole  et dire notre foi.

 Qu’en cette période perturbée, elle sache accompagner celles et ceux qui n’espèrent plus un monde apaisé. R/

-Nous te présentons Jacques Royer longtemps animateur dans la vie de la communauté. Atteint par la maladie il a exprimé son désarroi. Seigneur, aide Jacques et Monique à garder confiance en Toi en cette période difficile pour eux.

13 décembre 2020 – 3ème dimanche de l’Avent

Déc 15, 20
alain
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3e Dimanche de l’Avent

Messe présidée par Régis Morelon,  en la chapelle de la Visitation Sainte Marie, 110 rue de Vaugirard

Textes du dimanche  (cliquer pour voir les textes bibliques de ce dimanche)

L’Avent. Un confinement spirituel

…L’Avent est une sorte de confinement spirituel. Le temps s’arrête quelques semaines pour nous préparer à accueillir une nouveauté radicale, dont on connait le titre mais dont la signification est une redécouverte permanente : la nouveauté d’un Dieu qui se fait homme.

À tellement l’entendre et le répéter, on risque de ne plus voir l’audace folle d’un Dieu qui s’incarne au cœur de l’histoire humaine. L’audace du radicalement Autre devenu incroyablement proche.

L’Avent est ainsi un temps pour arrêter le temps, mettre les pendules à zéro et commencer à compter ce qui compte. L’Avent est le temps pour attendre une naissance qui va changer nos vies. L’Avent est l’occasion de libérer notre imaginaire et d’oser sortir du cadre connu.

L’Avent peut ainsi nous aider à vivre le confinement physique comme une préparation pour que « le jour d’après » ne ressemble pas aux « jours d’avant ». Nous voulons retrouver nos activités, nos cultes, et notre rythme d’avant. Et l’Avent nous invite à découvrir que nous pouvons vivre et célébrer autrement.

Elena LASIDA, professeure à l’Institut Catholique de Paris

Mot d’accueil

Bienvenue à tous. Tous accueillis dans la JOIE de ce 3ème Dimanche de l’AVENT que nous célébrons avec Régis Morelon, religieux dominicain, ami de notre communauté que nous remercions de son accompagnement.

Je parle de JOIE malgré les épreuves que nous traversons car les textes de ce jour vont nous montrer que la joie est un fruit de l’Esprit de Dieu, ce don de l’Esprit qui inspira le cantique de Marie.

En allumant la 3ème bougie de la couronne de l’Avent pour commencer notre célébration demandons d’accueillir ce don d’une joie durable.

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/ Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous !

Nous te présentons les personnes enfermées dans des logiques de désespoir qui ne peuvent plus s’ouvrir à la joie qui vient de Toi. Nous te prions, Seigneur.

R/ Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous !

Nous portons vers Toi les hommes et les femmes abîmés par la privation d’emploi et l’inutilité sociale, conséquences désastreuses de la crise sanitaire. Que ces frères et sœurs en humanité puissent se remettre debout dans un avenir proche par la sécurité d’un emploi et la récupération de leur dignité. Nous te prions, Seigneur.

R/ Seigneur écoute-nous, Seigneur exauce-nous !

Nous te présentons notre communauté heureuse de se retrouver pour partager ta Parole. Comme nous y invitent Jean Baptiste en ce dimanche et le pape François dans son dernier livre, ouvre-nous avec ton Esprit à l’urgence de changer. Nous te prions Seigneur.

Dimanche 11 octobre 2020 – célébration en mémoire de Maddy ROCHE

Oct 17, 20
alain
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28e Dimanche du Temps Ordinaire

Messe présidée par Yvon Lemince,  en la chapelle de la Visitation Sainte Marie, 110 rue de Vaugirard

Textes du dimanche  (cliquer pour voir les textes bibliques de ce dimanche)

Mot d’accueil

Dès la première lecture, les quatre textes de ce dimanche nous font du bien : ils parlent de fêter ensemble, des repas savoureux et copieux, d’un hôte plein de sollicitude qui essuie nos larmes, pasteur rassurant sur les chemins difficiles, d’un Dieu qui comblera nos besoins magnifiquement dans la lettre de Paul. Et dans l’évangile, d’un roi qui invite au festin des noces de son fils. Ces quatre textes réjouissants nous les lirons ce dimanche où nous voulons nous souvenir de notre chère amie Maddy Roche.

 C’est une heureuse coïncidence. Car Maddy était un être joyeux, elle avait le sens du contact et son contact nous faisait du bien. J’ai recueilli quelques mots des messages reçus quand nous avons annoncé son décès.

 La vivacité de Maddy faisait dire à son amie Marie Michèle Grolleron que Maddy était du champagne, aussi pétillante qu’une coupe de champagne.

D’autres se souviennent de son rire, et même de ses fous rires dont elle était capable d’entrainer les participants de l’équipe de la passerelle où elle a consacré une grande partie de son temps et de son énergie à l’animation de cette vitrine de la chapelle sur l’esplanade de la gare Montparnasse. Maddy a toujours gardé une possibilité d’enthousiasme.  A l’image de son corps gracile et souple, son esprit a conservé jusqu’à la fin une souplesse exceptionnelle dans l’ouverture aux idées nouvelles.

Mais revenons à l’évangile, pour moi, Maddy reste une femme d’espérance, l’invitée que le roi de la parabole aurait voulu avoir à la table du festin.

Rentrons donc dans cette célébration en ouvrant nous cœurs à la Parole qui nous invite à participer pleinement à la fête de la vie comme Maddy l’a fait.

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/ Rassemblés devant toi parmi cette humanité, nous portons vers Toi nos détresses et nos joies !

En venant célébrer l’eucharistie, nous venons aux noces préparées par le père de la parabole. « Tous invités » nous dit Isaïe.

 – Pensons à ceux qui ne pourraient se joindre au festin : aux malades en général et aujourd’hui particulièrement aux malades victimes de la Covid 19, eux, leurs familles et le personnel qui les soigne. Nous te prions.

– A la table des noces où tu nous invites, nous te confions ceux qui souffrent déjà des retombées économiques de la pandémie, ceux qui ont peur de perdre leur travail et d’être précipités dans la précarité. Que le Seigneur essuie leurs larmes comme le prophète promet. Nous te prions. 

– A la table des noces où tu nous rassembles, nous te recommandons notre communauté. Eveille en elle le désir de participer au bon vivre ensemble communautaire en hommes et femmes d’espérance. Nous te prions.

Témoignage

J’ai vu fréquemment Maddy Roche pendant 11 ans, dans le cadre du groupe de lecture figurative des textes bibliques animé par Marie-Michèle Grolleron. Nous nous réunissions une fois par mois autour d’un programme de lecture défini pour l’année par Marie-Michèle et dînions ensemble avec les victuailles apportées par chacun.

Maddy contribuait de façon originale à cette lecture en commun en ouvrant souvent une perspective imprévue fondée sur son expérience personnelle. Je me souviens en particulier de ses éclairages sur les questions de fratries qui tiennent une place significative dans le Premier testament. Elle en savait quelque chose, elle qui avait de nombreuses sœurs et un unique frère.

Après la dissolution du groupe en 2014, j’ai revu Maddy rue Tessier où, avec son élégance de Lyonnaise aimant les beaux foulards en soie, elle s’impliquait dans la vie collective de cette maison de retraite gérée par la fondation Lejeune. Son indépendance d’esprit et sa douce fermeté donnaient du fil à retordre à ses responsables.

Bien que féministe, Maddy n’a coupé la tête d’aucun Holopherne. Mais, quand je pense à elle, me vient à l’esprit le livre de Judith que nous avions lu ensemble. En particulier le verset 7 du chapitre 8 : « Judith était très belle et d’aspect charmant ». Notre Maddy aussi…

Bernard Boët, Paris, le 2 octobre 2020.

Samedi 19 septembre 2020 – Célébration en mémoire de Guy Lafon

Oct 10, 20
alain
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Messe célébrée en l’église Saint-Marcel, Paris XIIIe

Textes du dimanche  (cliquer pour voir les textes bibliques de ce dimanche)

Homélie

Le semeur sortit pour semer

Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! (Mt 13, 1-9)

            Une homélie se doit de commenter l’évangile du jour. Je ne dérogerai pas à cette règle, mais, dans les circonstances présentes, ce commentaire de l’Evangile sera aussi une évocation immédiate de ce que fut la vie de Guy Lafon : une vie toute entière habitée par une lecture assidue des Evangiles et par un partage des fruits que cette lecture à fait mûrir en lui. Guy, en effet, nous apparaît comme une remarquable illustration et mise en œuvre de l’Evangile d’aujourd’hui. Cet évangile est une parabole de la vie de Guy.

            Arrêtons-nous tout d’abord au texte. Dans ce texte, il y a deux récits. Un récit premier qui parle d’un moment de la vie de Jésus : « En ce jour-là, Jésus sortit de la maison ». Et puis, il y a un second récit énoncé par Jésus lui-même : «Le semeur sortit pour semer ». Deux récits de sortie donc qui s’emboitent et sont comme le miroir l’un de l’autre.  Jésus sort et le semeur sort. Et leurs comportements se ressemblent. Tous deux répandent beaucoup. Jésus dit beaucoup de choses en paraboles aux foules, sans acception des personnes. De même, le semeur laisse tomber beaucoup de grains sur tous les terrains – pierraille, ronces ou terre profonde. La parole et le grain sont  donnés à tous, à profusion. Nul n’est exclu.

            Les paroles comme les semences sont des promesses de fruits à venir à condition d’être accueillies, entendues. Dans les deux récits, on a affaire à un processus de semailles, d’accueil de la semence, de la germination et enfin de fructification. Dans les oreilles, tout d’abord.  « Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». « A bon entendeur, le salut ! » Dans la terre, ensuite, qui accueille la semence. Le grain reçoit de la terre de quoi grandir jusqu’à la fructification. La germination est le fruit d’une alliance, d’une rencontre hospitalière ici de la parole et des oreilles, là du grain et de la terre.

            Et c’est un avènement de vie comme dans la Genèse lorsque Dieu vient à la rencontre de la terre pour qu’advienne l’humain. C’est la même histoire. L’histoire d’un don fait sans compter. Sans discrimination, sans réserve, sans calcul. A recevoir ou à laisser. L’enjeu est l’avènement de l’humain vivant par l’évènement d’une parole qui germe et qui grandit dans le cœur de l’humain. Les fruits sont surabondants et peuvent être distribués généreusement au bénéfice de tous, y compris des sols arides.

            Écoutons ce que Guy dit lui-même de ce passage d’évangile. Nous y retrouvons les thèmes et les termes majeurs de sa pensée : le don, le don en retour, l’appel et la réponse qui en est le fruit, la conversation, l’entretien qui en est le creuset.  Voici ce qu’il dit :

            La vie nous a été donnée et nous n’y sommes pour rien. Le semeur disperse librement son grain, partout. (…) Le don que nous accueillons est un appel. Celui que nous retournons est une réponse. L’étonnant en tout cela est que cette réponse soit un fruit. (…) Le fruit (…) devient actuel du fait du sol qui le reçoit. Car il s’agit bien toujours d’une conversation, d’un entretien qui n’en finit pas. Celui qui a des oreilles, qu’il entende[1].

            L’évangile de ce jour, disais-je, est une parabole de la vie de Guy. Je voudrais l’évoquer de trois façons, par trois biais, tout en sachant que mes propos seront bien limités et qu’il y aurait encore bien d’autres choses à dire encore.

            Jésus est sorti. Le semeur est sorti. Guy aussi est sorti. Il est venu au monde. Il est sorti de sa maison, de son lieu natal, il est sorti pour s’adresser à tous et toutes, sans distinction, dans l’espace public J’ai toujours été frappé par le fait que Guy, lorsqu’il parlait de la foi chrétienne en théologien, s’adressait, en fait, toujours à l’homme, à l’être humain de toutes convictions. Son interlocuteur, c’est l’autre quel qu’il soit ; l’autre capable d’écoute et de dialogue. Pour lui, penser le christianisme, c’était le rendre possible, crédible et désirable par tout un chacun. D’une culture encyclopédique, il ne faisait pas état, comme un mauvais érudit ; iI a toujours gardé un rapport premier à l’humain. Il avait en lui, comme théologien, cette fibre philosophique qui le mettait en conversation étroite, avec les chercheurs, les penseurs de son temps,  comme Jacques Derrida, Michel Serres et bien d’autres encore, avec des poètes aussi comme Jean Grosjean ou Julien Gracq. Nourrie à diverses sources, sa parole tombait, comme dans la parabole, sur tous les terrains sans les filtrer, sans préjugé, sachant que tout sujet humain, « mon » semblable, est capable d’écoute et de réponse. Guy considérait les Écritures et singulièrement les évangiles comme un lieu commun, un lieu que tous et toutes peuvent fréquenter, un lieu inspirant, qui donne à penser ; un terrain de rencontre, une table ouverte, hospitalière où l’on peut partager, s’entretenir et se nourrir. L’évangile, en effet, est commun ; il appartient à tous comme Dieu lui-même est commun, pour reprendre le titre d’un de ses livres[2]. Dieu est le Dieu de tous et pour tous ; il est le Dieu dont on parle même si on n’y croit pas, un Dieu qui n’est enfermé dans aucune chapelle, lui-même constamment en sortie. Guy, un homme en sortie également, un homme de parole et d’entretien avec quiconque.

            La parabole du semeur décrit un processus : les semailles, l’accueil de la semence et la fructification. Guy était très sensible au processus, au mouvement en différentes étapes qui s’articulent entre elles et donnent du fruit. Ainsi, lors d’une session récente, il analysait une prière de la liturgie d’ordination prononcée par l’évêque pour l’ordinand : « Seigneur, en méditant jour et nuit Ta loi, que ce qu’il aura lu, il le croie ; que ce qu’il aura cru, il l’enseigne ; que ce qu’il aura enseigné, il l’imite » (entendons : qu’il le mette en pratique). Guy était sensible à cette dynamique de la vie, au mouvement dans lequel on entre, aux traversées auxquelles on se prête. Il avait traduit pour lui et pour nous, de façon poétique, cette prière venue de la liturgie : « De ton livre, fais de la foi. De ta foi, fais une parole. De ta parole, fais de l’amour, comme du blé on fait du pain ».

Du livre à l’amour, ce fut sa trajectoire.  Aussi la lecture n’était-elle pas pour lui seulement un exercice, même si elle en était bien un, mais, davantage, un entraînement à l’écoute, à l’accueil de la fécondité du don qui vient du Tout Autre, et conduit à tout autre. Sa pensée était indissociable pour lui d’une manière d’être en humanité, sans cesse renouvelée par ces fruits que sont la foi, l’espérance et l’amour. Paul nous rappelle que des trois, l’amour est le plus grand. Il est en tout cas le terme, ce dont croire et espérer ne peuvent en aucun cas, par quelque accident, nous détourner. Pour Guy, cet amour s’est inscrit de multiples façons dans son existence : bien sûr dans sa passion pour son ministère, à l’accueil en paroisse (successivement à Notre-Dame, ici, à Saint-Marcel, mais également à la chapelle St-Bernard-de-Montparnasse et à St-Jean-des-deux-Moulins). Son amour s’exprimait aussi dans l’intensité avec laquelle il préparait et habitait sa prédication, comme la préparation de toutes les liturgies en général. Combien parmi nous, pour qui il a célébré mariages, baptêmes, obsèques, se sont sentis, dès les premiers mots de son homélie, saisis par l’humanité, l’humilité et la radicalité de l’invitation à la foi que Guy nous proposait. Son amour enfin s’est exprimé dans l’accompagnement spirituel en général, et dans celui des personnes malades, notamment, durant les deux premières décennies de l’épidémie du SIDA.

            Sa vie d’auteur, d’enseignant, de pasteur, d’ami, a été une vie féconde. Il a donné abondamment, généreusement, avec prodigalité, et, sans nul doute, son œuvre est-elle en attente de nouveaux fruits. Ses écrits, son enseignement comme sa vie elle-même constituent une page de ce qu’on peut appeler le cinquième évangile : l’évangile que les chrétiens, lisant les quatre premiers, écrivent de leur main et dans leur chair. Comme le dit l’exégète Alain Marchadour, «  La lecture de la Bible, depuis 20 siècles, n’est rien d’autre que cette tension difficile mais féconde entre un livre écrit une fois pour toutes et des communautés produisant à leur tour leur cinquième évangile. […] Quand un livre n’est plus lu, il meurt. Tant que des hommes et des femmes continueront de lire la Bible pour essayer d’ajouter leur propre page, l’Écriture restera le Livre de la Vie[3] »

            Guy est une page de ce cinquième évangile. Ce que saint Paul écrit aux Corinthiens peut lui être appliqué : « Vous êtes manifestement une lettre du Christ rédigée par nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs » (2 Co, 3, 3). Qu’il en soit remercié. Et que Dieu soit loué.

André Fossion s.j

andre.fossion@lumenvitae.be

[1]             La Table de l’Evangile. https://lafon.guy.free.fr/

[2]             Le Dieu commun, Seuil, Paris, 1982.

[3]             Alain MARCHADOUR, Un évangile à découvrir. Coll. Croire et comprendre, Le Centurion, Paris, 1978, p.164.

PRIÈRE UNIVERSELLE

R/ Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants

« Libera caritate – avec la libéralité de l’amour ». Guy aimait cette antienne de la fête de son saint patron, qu’il avait faite sienne. Plus qu’une devise, cette prière était comme une règle de vie et une source d’inspiration pour lui, en appelant sans répit le cœur aimant à l’abondance et à la générosité. Ce qui reste de Guy n’est pas dans des souvenirs que notre mémoire garderait comme en un tombeau : puisque Guy est vivant en Christ, fais-nous passer, Seigneur, chaque jour, de la mort à la vie, en aimant nos frères et sœurs, comme lui-même a su le faire si généreusement.

Nous te prions, Seigneur, pour tous les amis de Guy qui sont dans la peine, pour ceux qui n’ont pas pu être présents, et pour nous tous qui avons eu la chance de le rencontrer et partager avec lui des moments lumineux de joie, d’espérance et de recherche. Que la route que nous avons partagée avec lui se poursuive avec courage sur le chemin de la Vie.

Guy a connu à la fin de sa vie la maladie et la souffrance. Nous te prions, Seigneur, pour lui et pour tous ceux qui sont éprouvés, dans leur corps et dans leur cœur.

Nous te prions aussi pour tous les soignants qui l’ont accompagné et qui accompagnent tous ceux qui souffrent, ici ou ailleurs, de la maladie et de la guerre.

Nous te prions, Seigneur, pour l’Eglise que Guy a servie et aimée. Il n’en ignorait ni les faiblesses ni le péché, mais par sa vie de prêtre, il a témoigné que c’est aussi par elle que se manifeste le Dieu commun ; qu’avec elle, nous pouvons nous risquer à Croire, Espérer, Aimer ; et à rencontrer l’Autre Roi. Aide les croyants à faire de cette Eglise le lieu où chacun se sent accueilli, à la Table de l’Evangile.