Dimanche 13 mars 2022 – Transfigurés !

Dimanche 13 mars 2022 – Transfigurés !

17 Mar, 2022

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Textes du dimanche  (cliquer pour voir les textes bibliques de ce dimanche)

Mot d’accueil

Aujourd’hui, nous célébrons la Transfiguration du Seigneur.
Quelque chose s’est passé sur la montagne. Pierre, Jacques et Jean en ont été tellement effrayés qu’ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

Tout de même, jusque-là, Jésus avait fait bien mieux :
Dans une noce, on l’a vu changer de l’eau en vin.
On a vu des filets de pêche tellement remplis qu’ils se rompaient.
Il a remué des foules, avec des annonces enflammées.
Il a guéri des aveugles et des paralytiques.
Mais, récemment, il a disparu au désert !
Et aujourd’hui, que s’est-il passé ?

Dans les Eglises d’orient, cette fête est appelée Méta-morphose.
C’est un passage au-delà de la forme, au-delà de l’apparence.
C’est une promotion.
Une promotion, ce n’est ni une défiguration, ni une disparition de l’humanité.
C’est, pour nous tous, aller au-delà de ce qui existe déjà.

Dans notre quotidien, il y a parfois de ces moments surprenants.
Ensemble, nous tenterons d’aller au-delà.
Et c’est au moment de la prière universelle que vous aurez la parole.


Témoignage : Au mont Sinaï

P. L

C’était il y a quelques années en Egypte, lors d’une retraite dans le désert avec un groupe animé par Philippe Maillard, dominicain qui a vécu longtemps à Lille au milieu des plus pauvres.

Un jour, de bon matin, il était 3 heures, il faisait encore bien nuit, notre groupe se met en marche en direction du mont Sinaï. Malgré la reconnaissance du terrain la veille, difficile de trouver le bon chemin dans la nuit noire. Cependant, les yeux s’habituant peu à peu à l’obscurité, nous réussissons à le retrouver.

Après quelques heures de marche nous arrivons au sommet au cours de la matinée. De là-haut une vue à couper le souffle sur un paysage désertique, aride et beau.

Nous apercevons une petite chapelle vers laquelle nous nous dirigeons, elle est fermée. Notre déception ne dure qu’un instant : un jeune moine arrive et tel Saint Pierre il sort de sa poche la clé pour nous ouvrir la porte.

Nous entrons donc, et chacun, en silence, prie.

Au bout d’un moment Philippe Maillard me demande d’entonner un chant.

Un peu pris au dépourvu je me mets à chanter le Kyrie de Sylvanès, rapidement repris à quatre voix par l’ensemble groupe.

C’est là que l’inattendu, l’indicible, l’incroyable se produit : un moment de grâce pendant lequel le temps est comme suspendu ; nous sommes bien au sommet du Sinaï et dans un « ailleurs » en même temps ; moment de calme, de plénitude, de sérénité ; un de ces moments que l’on souhaite voir durer …

Bien qu’éphémère, ce moment est resté gravé dans mon corps et dans ma mémoire.

Des dizaines d’années après son empreinte est toujours là, au point même d’avoir transformé mon regard sur ce qui nous entoure. Le chant est pour moi une forme d’expression de l’humain, il nous dit quelque chose du Beau, et du Divin, surtout quand il est partagé avec d’autres.

C’est à travers le chant que, tout en haut du Sinaï, il a été donné à notre groupe de faire une expérience du Divin.

 

 

Homélies


E DG

Je vais d’abord citer mes sources :
Jean Marie Martin, ancien responsable d’un département de théologie à la Catho.
Il a passé toute sa vie à lire Saint Jean, en grec, bien sûr. Et, pendant 30 ans, deux mercredis par mois, il a livré sa méditation, dans la salle d’accueil de Saint Bernard.

Pendant la préparation, la question est venue : Est-ce que nous serons transfigurés ?

Au catéchisme, il y a bien longtemps, j’ai appris : que la vie éternelle, c’était après !
C’était après la mort, après l’avoir méritée.
Et enfin, c’était très loin parce que l’éternité, ça dure longtemps !

Mais c’est qu’on n’est pas encore sorti de ça, de la culpabilité/mérites/réparation.
On l’entend dire : la Vie, la grande, donnée par grâce ? NON, ce n’est pas possible.

Bien plus tard, en discutant avec ma mère, très attachée aux mérites, je me suis entendue lui dire : La Vie éternelle, si ce n’est pas aujourd’hui, ça ne m’intéresse pas !
J’en ai été la première surprise.

Alors, ce serait aujourd’hui la Vie, la grande, celle qu’on écrit avec un grand V
puisqu’on ne sait rien d’elle.
A voir le tout petit reste que nous sommes, serrés dans cette pièce, on se demande :
Est-ce qu’on n’attendrait pas mieux ?
Est-ce que on ne voudrait pas, se voir, se savoir vraiment transfiguré ?

Retournons dans le récit de Luc :    Jésus apparait autre,
La voix du Père se fait entendre.
Tu es mon Fils bien aimé est adressé à Jésus et à toute l’humanité, à chacun de nous.
Dans le Christ, nous sommes tous un seul Fils unique.

Luc nous dit que les disciples ne comprirent rien, à ce moment-là.
Ce que les disciples ont vu, c’est l’icône ou, si vous préférez,
la mise en scène de la Résurrection que, curieusement, personne n’a vue.

Regardons l’épître de Jean, c’est le passage qu’on lit à la Toussaint.
Voyez de quel amour nous a aimés le Père,
il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes !
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu…
C’est bien au présent !

Jean poursuit : et n’a pas encore été manifesté ce que nous serons.

Ce que nous serons… Et voilà, un futur !

Mais justement ! Ce futur ne vient pas de l’autre bout de l’éternité !
Ce futur est déjà là, il a commencé.
Ce futur creuse notre présent.
On pourrait traduire : … nous sommes enfants de Dieu
et n’a pas encore été manifesté ce que déjà, nous sommes en train de devenir.

C‘est à la fois un déjà là et un pas encore,
Ce qui est déjà là, n’est pas encore pleinement accompli, pas encore manifesté.

Pierre, nous a raconté une de ces fulgurances, qu’il a reçue au sommet du Sinaï.
Marie Christine va nous en confier une autre.

Nous vivons dans un temps précipité, où chaque minute chasse l’autre.
Et ces instants surprenants viennent trouer le fil de notre temps.
Ce sont des brèches étincelantes où le temps de Dieu rejoint notre présent.

Ces brèches, qui trouent notre présent, ces moments, comme suspendus,
sont des semences de Transfiguration, de Résurrection, si vous préférez.
Elles sont déjà là, au fond de nous, prêtes à germer, à grandir et à se manifester.
A nous de recueillir ces moments de grâce,
A nous, de les laisser germer et de les laisser porter du fruit.

Aujourd’hui, même dans la guerre d’Ukraine et d’autres lieux de notre maison commune,
le Père nous redit que son Royaume est là, au milieu de nous.

Aujourd’hui, c’est sur nos visages, par nos paroles et par le travail de nos mains
que le Christ est manifesté, parfois à notre insu.

Déjà, nous marchons vers notre accomplissement, vers notre Transfiguration.
Nous marchons vers la Présence.
Être en chemin, c’est déjà être à la présence.


MC SH

Il y a une douzaine d’années, je passais quelques jours dans l’abbaye bénédictine de Ligugé , près de Poitiers invitée avec d’autres par le moine François Cassingena que vous connaissez sans doute .

Un jour, après un des offices, alors que les moines sortaient, un par un pour rejoindre leurs activités, un des plus jeunes, un novice sans doute, s’avança sur le bas-côté, et après s’être agenouillé, se prosterna ventre et ventre à terre, dans une attitude de profonde adoration.

Pour moi qui le regardais, le temps s’est arrêté, de sa posture si priante irradiait une Présence intense, celle du Tout Autre pourtant invisible …Et aujourd’hui encore, je rends grâce pour cet instant où j’ai vu un simple homme comme transfiguré par la contemplation de son Dieu dans sa gloire laissant transparaître son indicible présence.

Je n’étais pas sur une montagne, comme les apôtres dans le texte de l’Evangile. Mais j’ai vécu là une expérience immédiate dans sa simplicité et son mystère celle d’une d’un homme transfiguré par sa prière.

Cette expérience intense, nous pouvons la faire en dehors d’une église … Nous pouvons aussi nous poser la question : sommes-nous transfigurés, transformés par une présence intérieure, celle du Christ Jésus ?

Et prier ensemble  » sur nous Seigneur que s’illumine ton visage « 

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