Je reproduis ici l’éditorial de notre doyen, le père Jean-Loup Lacroix, curé de Saint-Suplice.
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Le Père, le Fils et l’Esprit : un seul Dieu. On pourrait penser que le sujet est inactuel. Je suis persuadé du contraire.
Mais évoquons d’abord notre situation. Nous vivons un moment périlleux. Le risque le plus grand n’est pas celui de la reprise de l’épidémie. Nous serons sages quelques semaines encore. Le risque, c’est la division. Trop de stress accumulé nous rend irritables. Et puis, la crise nous a ouvert les yeux. Nous voyons mieux ce qu’il y avait d’insupportable dans notre monde apparemment prospère. Les jeunes crient : « Je ne peux pas respirer. » C’était l’appel à l’aide de George Floyd : ils s’y reconnaissent trop bien.
Que faire ? Beaucoup ont pris la plume pour partager leurs réflexions. Parmi eux, le président de la Conférence des Évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort. D’une plume alerte, il a rédigé une sorte de lettre ouverte au Président de la République. Le texte est incisif. Il ne manque pas d’originalité. Il mérite d’être lu.
Le titre est une citation du livre de l’Ecclésiaste : « Le matin, sème ton grain. » C’est une invitation à ne pas rester sans rien faire alors même que l’on pourrait avoir des raisons de se décourager.
Mgr de Moulins-Beaufort écrit : « L’espérance ultime des chrétiens est que tous les hommes, dans leur nombre immense et dans leur extraordinaire diversité sont appelés à vivre éternellement en communion. » Il explique que c’est cela qui donne sens à tous nos efforts « vers plus d’unité. » Il précise encore : « Tant à l’échelle de la nation qu’à l’échelle internationale, le modèle des relations entre les êtres humains ne devrait pas être le conflit ou la compétition, ni même le commerce. » Quel modèle alors ? La réponse est d’une certaine originalité : l’hospitalité.
Si Dieu est Trinité, nous ne pouvons absolument pas prendre notre parti d’un monde qui renonce à l’unité. Le chacun pour soi n’est pas seulement désastreux par ses conséquences, il est une offense à l’unité de la famille humaine, qui n’est pas un beau rêve, mais la réalité même. Plus profondément, il offense Dieu lui-même. (lire la suite…)
Tout d’abord souhaitons que chacun et chacune ait surmonté sans gravité les perturbations amenées par la pandémie.
Après la Pentecôte le calendrier liturgique repart dans le « le temps ordinaire ».
Cette année les chrétiens, accompagnés par le coronavirus, ont vécu le Carême et Pâques dans le confinement.
Avec la fermeture des lieux de culte pour les célébrations nous avons vécu à Paris la situation que connaissent de nombreux chrétiens en France surtout à la campagne depuis des années : église fermée sans célébration hebdomadaire.
Depuis deux ans la Communauté de St. Bernard a affronté cette situation et réussit à maintenir un partage eucharistique mensuel.
Restreints dans nos déplacements durant le confinement nous avons peut-être eu la latitude d’éclaircir notre vision sur la vie d’une communauté chrétienne pour l’annonce de l’Evangile aujourd’hui, notre demande dans le partage eucharistique, nos désirs de responsabilités et d’animation pour tous les baptisés clercs/laïcs… et nous avons observé le comportement des diverses communautés ou paroisses et de leurs pasteurs.
Espérer le retour d’une « pratique ordinaire » serait une erreur. Inspirés par le souffle de l’Esprit comme après la Pentecôte les premiers chrétiens, parlant toutes les langues pour être compris de tous, saurons nous changer nos pratiques après la maîtrise du coronavirus ?
François Cassingena-Tréverdy prêtre bénédictin, moine de St. Martin de Ligugé vient de rédiger une réflexion sur : « Repenser l’Eucharistie au moment où la messe revient ».
« Nos églises vont ouvrir à nouveau leurs portes à tous ceux dont nous serons si heureux de revoir le visage et d’entendre la voix au terme de ces longues semaines de séparation. Fais-moi entendre ta voix, car ta voix est douce et ton visage est beau (Ct 2, 14), dit le Seigneur à son Peuple, dit la Parole de Dieu au Peuple de Dieu. Nos églises vont ouvrir bientôt leurs portes : il est temps d’y faire encore un peu de ménage. De nous mettre au clair, surtout, quant à la conception que nous nous faisons de leur finalité, c’est-à-dire de l’Eucharistie que nous y célébrons. Nos églises vont-elles ouvrir seulement pour un entre-soi confortable, pour des cérémonies où le rituel distrait du spirituel, pour la répétition de fadaises et de boniments infantiles, pour l’appel racoleur et tapageur à des émotions fugitives, pour l’entretien exténué et morose de la consommation religieuse ? Ou bien vont-elles s’ouvrir pour un questionnement et un approfondissement de nos énoncés traditionnels, pour une interprétation savoureuse de la Parole de Dieu loin de toute réduction moralisante, pour une ouverture efficace aux détresses sociales, pour une perméabilité réelle aux inquiétudes, aux doutes, aux débats des hommes et des femmes de ce temps, en un mot pour la révolution eucharistique ? Si le temps de confinement et de suspension du « culte » public nous a permis de prendre la mesure de la distance qui sépare les deux extrêmes de cette alternative, autrement dit du pas que le Seigneur de l’histoire attend de nous, alors, pour parler comme le bon roi Henri, le bénéfice que nous avons retiré valait bien quelques messes… en moins. »
Faisons part nous aussi de nos réflexions de confinés et échangeons.
En raison des aléas et des contraintes imposées par la protection sanitaire il est difficile d’envisager un partage eucharistique au 110 rue de Vaugirard en juin.
Bonne fête de Pentecôte.
Donnez de vos nouvelles et à bientôt.